jeudi 30 septembre 2010

Ma lutte avec l'ange


(J'ai aussi pensé intituler cette chronique "fouttez-moi la paix", mais ai craint que ça ne trahisse un quelconque égarement dans mon cheminement vers la sérénité)

Je rends les armes! Je me rends! Je fais une trève dans ma quête pour la sérénité. En me réveillant ce matin, j'avais le sentiment d'avoir lutté avec un ange toute la nuit. Comme dans mon enfance, quand j'argumentais longuement avec dieu pour une bonne note à l'examen. Une négociation mystique intime pour sauver mon âme - à chaque âge sa cause perdue.

Certains fantômes s'acharnent à me hanter. Malgré les efforts déployés pour les éradiquer. Je ne ménage pourtant aucun moyen pour préserver ma quiétude. "Libre de coeur, de corps et d'esprit", tel est ma quête. A chaque fantôme sa technique : je m'éclipse en douce, je romps, je le supplie de m'épargner, je le confronte. Invariablement, je fuis. J'ai même été un jour jusqu'à m'exiler en Europe.

Ils m'ont toujours retrouvée.

Aux petites heures du matin, dans une ville qui n'était pas la mienne, assise à côté d'une inconnue dans un mini-bus. "I think you are a good friend of X? He told me so much about you!" Je ne connaissais pas cette personne. Les émissaires eux, me reconnaissent toujours. Mes fantômes aiment parler de moi à leurs amis et leur raconter toutes sortes de belles choses à mon égard - un phénomène para-normal de leur crû. Je ne réponds jamais; je garde le silence pendant que le fantôme traverse ma vie. A quoi bon prendre un étranger en otage dans ma guerre intérieure.

Pour reprendre l'expression de cette connaissance avec qui je conversais hier: "I surrender"! Je me rends puisque je suis déjà prisonnière.

mardi 28 septembre 2010

L'impératrice (3)


La Venus du tarot, cette carte est celle du triomphe de la féminité et de la beauté, du charme, de l'intelligence et de la séduction. La beauté à laquelle elle renvoit repose sur l'élégance, la liberté et la bonne entente.

Ah! La beauté! Pour moi, la spiritualité est essentiellement esthétique. Une cathédrale par exemple, qui a requis cent ans à construire, qui a exigé des sacrifices humains, des efforts incommensurables, les ressources de toute une population somme toute pauvre. J'ose y voir plus que le délire de grandeur d'une Eglise qui ruinait le peuple pour démontrer sa toute puissante, mais l'expression de ce peuple qui cherchait à s'élever au-delà de sa condition et aspirait à la perfection et à la beauté.

La quête de la beauté à mon sens est ce qui se rapproche le plus d'une démarche spirituelle - le souhait d'un individu de se dépasser. Je suis certaine que Malraux en a déjà parlé. C'est ce qui m'avait motivé à entreprendre ma maîtrise en littérature sur ses essais sur l'art, justement. Esthétique et condition humaine sont des thèmes qui m'ont toujouts intimement fascinée.

samedi 25 septembre 2010

La mort d'ivan Ilicth - (bis) (livre #1)


"Ivan Ilitch voyait qu'il mourait et il était désespéré. Dans le fond de son âme, il savait bien qu'il mourait; mais non seulement il ne parvenait pas à s'habituer à cette pensée, il ne la comprenait même pas, il était incapable de la comprendre."

Je me permets le luxe d'une seconde chronique sur le même livre, le premier officiellement sur la liste de surcroît. J'ai hésité, ce projet devant déjà combler deux ans de chroniques hebdommadaires. Mais voilà, l'espace d'une lecture de cent pages à peine, la vie et la fiction ont fait un chassé-croisé étonnant.

J'ai lu ce roman écrasée par la chaleur dans le lit de mon frère - qui m'avait prêté son condo montréalais alors qu'il était en vacances - un dimanche matin où la canicule des derniers jours ayant miné mon sommeil, la fatigue m'assomait toujours. J'allongeai le bras pour prendre le livre que j'avais laissé sur la table de chevet.

J'étais sur le point de le terminer lorsque mon téléphone sonna. Une amie, qui s'excusa de me réveiller tellement ma voix traînait de fatigue. Une amie surtout qui venait d'accompagner sa mère dans la mort au cours des derniers mois. Son coup de fil me faisait sortir de ma lecture et y replonger à la fois.

Accompagner pendant des semaines quelqu'un qui est conscient de sa propre mort, qui fait tous les jours le deuil de lui-même et de sa vie. Elle sa mère; moi Ivan Ilitch. Les espoirs, les regrets, la douleur, le désir de vivre, les rechutes, le déni, les bilans, les deuils. On reconnaît un chef d'oeuvre lorsqu'il se confond avec la vie.

"Toujours la même chose: tantôt une lueur d'espérance, tantôt une tempête de désespoir, et toujours cette douleur, cette angoisse. Toujours la même chose. La solitude le tourmente; il voudrait appeler quelqu'un, mais il sait d'avance que si l'on venait ce serait encore pis."

jeudi 23 septembre 2010

Chronique du néant amoureux


Le néant amoureux existe-t-il? Est-ce un état atteignable véritablement? Un lecteur m'écrivait au printemps que mes meilleures chroniques parlaient d'amour. J'ai pourtant l'impression de ne parler que de ça. Les hommes, les amis, l'art, les voyages, la littérature, la philosophie... Je ne parle que d'une chose, mes amours. Mais ils ne me font pas tous perdre l'équilibre de la même façon et le spectacle n'est pas toujours aussi de grandiose.

Je vais citer une fois de plus mon texte biblique en matière de relations amoureuses : "ce que je retiens de toutes ces amours embryonnaires ou incendiaires, ce sont les jeux de pouvoir, l'inégalité, l'impression de toujours perdre l'équilibre et de retomber sur mes pieds une fois en solo. Parfois je dominais, parfois j'étais dominée, mais dans les deux cas je vacillais."

Voilà. J'ai repris pied. J'ai choisi comme date symbolique le 1er juillet 2010, parce que c'est plus facile à retenir, mais c'est arrivé quelques jours plus tôt. Un peu comme la naissance du Christ j'imagine. On a une date, mais qui sait... Ceux qui ont la foi s'en contentent bien.

Maintenant, dans cet univers de la sérénité qui ne m'est pas familier, je crains un peu l'ennui et la page blanche. Auparavent, je comblait le néant amoureux de coups de coeur, de vieux flirts, de fantasmes, de relations peu nourrissantes - mais parfois oh combien inspirantes! Le drame plutôt que le vide.

Malgré les rechutes, les résistances, les tentations, je n'ai fait preuve d'aucune pitié. Et me voilà face à moi-même! Et face à vous.

mardi 21 septembre 2010

La papesse (2)


Premier personnage féminin du tarot, elle fait référence au lent processus de croissance intérieur et au parcours initiatique vers la connaissance de soi. Elle oppose ainsi l'esprit à l'action de la carte précédente (le bateleur). Elle incarne la dimension spirituelle, l'évolution silencieuse des choses, la maturation. Elle invite à la méditation.

Elle est la carte de la psychanalyse et de l'inconscient. Ah, les merveilles de l'inconscient!! Une traduction de l'allemand semble-t-il. "Concept de psychologie qui désigne l'activité psychique se déroulant hors de la sphère consciente dans l'esprit d'un individu."

Et là tout un univers s'ouvre à nous : désir subconscient, c'est-à-dire "refoulé", perception subliminale (ou instinct), préjugé implicite et autres.

Les actes manqués et les lapsus qui expriment des désirs non formulés, qui sont des passages à l'acte déguisés. L'échec qui provoque une satisfaction pulsionnelle... Qui ne s'est jamais saboté et n'a ressenti un certain réconfort dans son désarrois?

L'hypnose et le rêve sont les deux portes d'accès à l'inconscient privilégiés par la psychanalyse. C'est qu'il faut être un peu poète pour se comprendre...

J'ai récemment entrepris de plonger au coeur de mon inconscient par une forme d'auto-hypnose et de reprogrammer certains blocages qui limitent mon plein potentiel. Un peu comme les athlètes de haut niveau. Ma façon de voir la vie comme un match de calibre professionnel!

samedi 18 septembre 2010

La mort d'Ivan Illitch (livre # 1)


"Le fait même de la mort d'un ami éveilla comme toujours en tous ceux qui apprirent cette nouvelle, un sentiment de joie: ce n'est pas moi qui est mort, c'est lui."

Le premier livre de la liste de Yann Martel est russe, tout comme mon premier amour. J'ai eu le coup de coeur à 14 ans, à Paris où j'étais allée en vacances chez une amie. Un film américain avec le danseur Barichnikov. Dans une scène, il improvisait sur une chanson d'un chanteur à la voix grave et rauque condamné par le régime soviétique. J'étais amoureuse.

Des années plus tard, sur le point de quitter la maison, je reconnais cette même voix à la radio. J'appelle la station pour en connaître le nom. Ma mère a dû souffrir l'oeuvre de Vladimir Vissotski de très longs mois. En musique, j'ai une forte tendance à la monomanie.

A 19 ans, je partais passer l'été en Sibérie, rénover une cathédrale orthodoxe et travailler dans un orphelinat d'un village tatar. Dans la vingtaine, j'ai étudié la langue avec le Professeur Sadetsky (tellement connu dans la petite ville de Québec d'où je viens qu'il apparaît en cameo dans un film de Robert Lepage).

Cette passion m'a pratiquement ramenée à Moscou en 2004 alors que j'avais été sélectionnée pour être 3ième secrétaire à l'ambassade. J'avais même entrepris des études de russe à temps plein... Mais le poste fût annulé et c'est ainsi que j'ai abouti à Milan.

À l'époque, ma mère avait également entamé l'apprentissage de cette langue. Malgré mon changement de trajectoire, elle avait poursuivit, obtenant même une bourse à l'université d'Etat de Moscou. Comme mon père le disait : "elle sait que l'italien, ce n'est qu'une passade et que de toute façon tu reviendras toujours au russe". Et moi qui pensait que je ne parlerais plus d'amour...

jeudi 16 septembre 2010

Le message qui va changer ma vie


"C'est à cause de mon répondeur
Y'a absolument rien sur la cassette
Je te dis qu'à soir dans mon petit coeur
Y fait frette"

Pour le travail, on me munit d'un blackberry. Je m'en sers notamment pour écrire ce blog. Je l'ai toujours à portée de main, d'abord par nécéssité professionnelle, puis c'est devenue par habitude. Comme le disait un ancien patron, je suis accro à mon "crackberry"! Je le scrute comme un billet de lotterie espérant souvent un signe qui va m'extraire de la normalité du moment.

Je le consulte maintenant plus par réflexe qu'autre chose. Pour me justifier à quelques collègues qui me voyaient le regarder pour la millième fois, je m'excusai en expliquant que "j'attendais le message qui allait changer ma vie" et à chaque rechute de ma part, j'ajoutais "toujours pas reçu!"

Après tout, il suffit d'une fraction de seconde pour qu'apparaisse le clignotant rouge prometteur de révolutions existentiels, porteur d'un potentiel d'émotions nouvelles : le retour d'un ex (ils reviennent tous - je l'ai déjà écrit), une déclaration d'un admirateur secret qui va illuminer ma journée - ou pas (dépend toujours du dit admirateur), une invitation pour une fin de semaine de filles à New York ou un verre au bar à vin du coin, une proposition pour un poste exotique...

Et plus souvent qu'on ne pourrait le croire, ce courriel qui change ma vie arrive dans ma boîte de réception, mais pour m'annoncer une nouvelle ou d'un destinataire qui ne faisait pas partie de mon univers des possibles.

C'est la beauté de ce phénomène. Autant, à chacune de milles fois où je consulte mon appareil pour constater que je n'ai reçu ni appel ni message, je me sens embourbée dans mon quotidien prévisible, autant la mille-et-unième fois, la surprise se renouvelle!!

mardi 14 septembre 2010

Le bateleur (1)


Première carte du tarot, elle annonce une action nouvelle, une initiative. Elle contient les qualités de la jeunesse et l'énergie créatrice. Elle invite à l'adaptation. Portant le numéro I, elle symbolise l'unité, l'origine, le départ.

Elle réfère à une personne qui fait des tours d'acrobatie, d'adresse, d'escamotage dans les foires et sur la place publique. Il peut s'agir d'un magicien ou d'un saltimbanque. Etrangement, elle appelle aux qualités diplomatiques. Agents du service extérieur, politiciens, relationnistes qui m'entourez, ne seriez-vous donc que des amuseurs publics?

L'art de plaire et de faire illusion. L'art de la séduction. Don Juan pourrait bien illustrer les deux facettes de ce personnage qui a le défaut de ses qualités, aussi rusé, un peu charlatan. Mais je préfère Casanova, aventurier vénitien, à la fois violoniste, écrivain, magicien (dans le but avoué d'escroquer Mme d'Urfé), espion, diplomate et bibliothécaire.

Il s'inventa des noms d'emprunt, des titres inexistants. Perfide et charmant, il a raison du coeur des femmes. Dans son autobiographie, il alla jusqu'à confesser l'inceste - mais on pourrait croire qu'il s'en vante plus qu'il ne s'en repent.

Né de parents comédiens, il entreprend d'abord une carrière ecclésiastique - déjà tribun. Puis il quitte tout pour sillonner l'Europe, passant de prisons aux cours des souverains.

Philosophe, il jugeait que "si les plaisirs sont passagers, les peines le sont aussi"!

samedi 11 septembre 2010

Voyage d'hiver (livre # 0)


Ma chronique littéraire aura connu un faux départ. Plutôt que de lire les oeuvres recommendées à Stephen Harper, je me suis laissée distraire, voire emportée. J'ai dit que je ne lisais que sur recommendation. Exception faite des valeurs sûres. Je suis fidèle, en littérature comme dans le reste.

C'est le titre qui a attiré mon attention. En pleine canicule de juillet! J'aurais aimé écrire un livre avec un titre pareil. C'est une référence à une pièce de Schubert - mon préféré. Sur la couverture arrière, une seule phrase "il n'y a pas d'échec amoureux". Prometteur... La suite vient plus tard dans le roman. "Eprouver l'amour est déjà un tel triomphe que l'on pourrait se demander pourquoi l'on veut davantage".

Et la névrose d'Amélie Nothomb qui vient rapidement chatouiller la mienne. Elle est magistrale...

Si je ne sais plus parler d'amour maintenant que j'ai fait voeux de sérénité, je vais laisser les autres le faire mieux que moi.

Voilà, ami lecteur, amateur de sentiments forts et d'émotions fébriles.

" Tomber amoureux l'hiver n'est pas une bonne idée. Les symptômes sont plus sublimes et plus douloureux. La lumière parfaite du froid encourage la délectation morose de l'attente. Le frisson exalte la fébrilité. Qui s'éprend à la Sainte-Luce encourt trois mois de tremblements pathologiques. Les autres saison ont leurs minauderies, bourgeons, grappes et feuillages où engouffrer ses états d'âme. La nudité hivernale n'offre aucun refuge. L'hiver et l'amour ont ceci de commun qu'ils inspirent le désir d'être réconforté d'une telle épreuve; la coïncidence de ces deux saisons exclut le réconfort." Oh! Amélie ma soeur!

A méditer : "Les femmes aiment toujours à contre-temps".

jeudi 9 septembre 2010

Le bonheur est dans le pré


Je suis toute absorbée depuis l'été par de vastes projets de rénovation que je poursuis le plus souvent dans la solitude. J'ai pour toute compagnie un radio récemment acquis et les jeunes employés de la quincaillerie locale.

Ainsi, tous les jours pratiquement, je consacre mes heures libres à cette métamorphose. J'arrache, je peinture, je sable, je teins, je plâtre, je resable, je vernis, je taille, je désherbe et je décape. Rien qui ne m'inspire guère de récit épique. Bien au contraire. Comme si l'occupation des mains engourdissait les sens, amollissait mes facultés cérébrales et endormait mes sentiments d'un naturel pourtant si intense. Je deviens monomaniaque. Arracher de la vieille tapisserie ou des mauvaises herbes m'hypnotisent jusqu'à l'épuisement. Et le lendemain, je recommence.

Mes travaux forcés m'avaient ainsi plongée dans une grisaille quotidienne. L'inspiration m'avait fuie. Jusqu'à cet après-midi chaud et ensoleillé, où le destin et la liste de tâches à accomplir ont concurru pour m'amenée, en robe d'été, dans une voiture louée chargée à craquer de déchêts industriels. En automate de la transformation domicilaire que je suis devenue, suivant les directions indiquées sur internet, mais sans vraiment savoir où je m'en allais, je me trouvai presque soudainement en pleine campagne, à une cinquantaine de kilomètres de la maison, en route pour le dépôtoir municipal, alors qu'une superbe musique de Dvorjak passait à la radio. À ce moment précis et tellement banal, j'ai goûté à la félicité. Peut-être les heures à ramper dans mon entre-toit rempli de poussière toxique a-t-il fini par atteindre mon système nerveux. Ou alors était-ce la satisfaction du travail accompli - ces 15 sacs de pure pollution, ainsi que 20 autres restés derrière, témoignant du labeur effectué à la sueur de mon front. Le soleil me souriait. La musique me transportait. La vie était belle.

mardi 7 septembre 2010

Le fou ou le mat (0)


La première et dernière carte du jeu de tarot - celle qui n'a pas de numéro. Le fou.

Insouciant, confiant et plein d'espoir il part à l'aventure vers l'inconnu, se laissant guidé par son intuition. Il annonce des sensations fortes et de courte durée. Il exige des choix douloureux, mais nécéssaires. Le fou est une figure dichotomique qui incarne les incertitudes de la vie.

La folie embrasse le meilleur comme le pire.

Elle fait référence à un trouble mental, un égarement de l'esprit, voire une psychose. Ainsi on peut sombrer dans la folie, dans la noirceur. Un tourment si intense qu'il peut mener à la mort. Les destins tragiques abondent. Van Gogh, qui pour étouffer la souffrance d'une crise de mélancolie, s'est coupé l'oreille et qui vaincu dans sa longue lutte contre la dépression, met un terme à ses jours dans le champs de blé qu'il peignait la veille.

La passion folle qui a emporté Adèle Hugo et Camille Claudel - personnifiées toutes les deux par Adjani au grand écran.

La folie a aussi un visage heureux. Les folies de jeunesse. La douce folie. Les coups de tête. Les coups de coeur. Les pieds de nez au destin. Celle qui goûte la légèreté. Celle dont parle Oscar Wilde. "Les folies sont les seules choses qu'on ne regrette pas".

Celle qui rend créatif, qui permet de se sentir vivant. Le sens du risque qui fait la différence dans une vie.

La folie des grandeurs. La mégalomanie. Celle pleine de poésie de Philippe Petit, funambule français qui a fait des apparitions angéliques, vêtu de noir sur un fil invisible, au dessus de la cathédrale Notre-Dame et entre les tours du World Trade Center.

Après tout, "il faut toujours un coup de folie poir bâtir un destin", comme l'écrit Marguerite Yourcenar.

samedi 4 septembre 2010

Que lit Eugenie? avant-propos


Vous le savez, j'entreprends le chapitre serein de ma vie et me trouve de ce fait à court d'inspiration. Ayant tout juste déménagé dans le voisinage de Mr Harper, et resistant toujours à ma domestication complète, j'ai pensé visiter le blog de Yann Martel (que lit stephen harper?) pour nourrir ma propre chronique littéraire. Comme je lis très peu et seulement sur recommendation, le prétexte était bon.

Faisaint fi des boîtes dans mon salon, de la valise que j'ai éventrée dans ma chambre de retour de voyage pour trouver de quoi me vêtir et de la liste de tâches qui s'accumulent sans s'accomplir, je me suis dirigée du pas décidé que l'on me connaît vers la bibliothèque municipale que je n'avais visitée que pour m'y abonner il y a près d'un an.

Je suis arrivée 10 minutes avant la fermeture. J'avais oublié ma liste et n'ai trouvé aucun des titres qui m'étaient restés en mémoire. Je n'ai par contre pas été aussi dégoûtée que je ne l'aurais craint par la sélection.

Je me suis pris au passage un John LeCarré pour célébrer l'été. C'est de famille. Mon père passait ses vacances sur les plages d'Ogunquit, un policier à la main, une canette de bière dans un sac de papier de l'autre.

J'ai aussi emprunté un Amélie Nothomb. Faute de névrose, je peux bien profiter de celle des autres. Et enfin, deux Eric Emmanuel Schmitt - parce qu'il ne me laisse jamais tombée et qu'il m'avait été justement recommendé.

jeudi 2 septembre 2010

Sans extase, ni tourments


Je publie normalement mes chroniques des semaines, voire des mois après les avoir écrites pour m'épargner l'angoisse de la page blanche. Mais je reconnais que ce soit une trahison à l'esprit du blog. Ainsi, je lancerai la saison automnale avec une série hebdommadaire "au temps présent".

Le défi sera d'autant plus grand que depuis mon retour au début juillet de Toronto - où je m'étais plongée justement dans l'extase et les tourments des sommets du G8 et du G20, ma vie semble s'être engagée dans la voie de la sérénité alors que j'abreuve mon écriture à ma névrose et que je vis de drames...

Toronto aura été un moment catalytique. À la veille de mon départ, j'ai compris que je revenais chez moi avec un bagage léger. J'avais chassé sans m'en rendre compte les derniers fantômes qui me hantaient. J'avais obtenu pour le 1er août une promotion et un poste qui s'annonçait occupé, stimulant et diversifié. J'allais passer les vacances de juillet à m'installer chez moi - une minuscule maison avec foyer, bain tourbillon, terrasse donnant sur le plus beau jardin qui soit. Un porche dans ma haie me donne accès à la rivière qui coule derrière chez moi. Mon chalet au centre-ville!!

Ainsi, j'abordais en juillet une vie qui s'annonçait simple et douce comme un fleuve tranquille. Je me domestique depuis - non que ce soit une évolution complètement paisible. Je suis étrangère à l'entretien d'une maison.

Je vous invite donc, chers lecteurs, à m'accompagner dans cette prochaine année - une aventure qui s'annonce sans extase ni tourments. Eloge de la contemplation!