mardi 31 mai 2011

La bataille d'Alexandre le Grand, Albrecht Aldofer


J'aime les musées allemands en général, et ceux de Munich en particulier. Je n'ai pas vraiment mis le pied sur le continent européen depuis mon retour d'Italie il y a bien longtemps (à l'exception d'un trop court voyage d'affaires à Paris). Les musées allemands, en plus d'exposer de riches collections, sont de véritables lieux de vie, de méditation. Ils sont aménager pour permettre au visiteur de se recueillir, de prendre son temps. Ils sont confortables et offrent une certaine intimité.

Cette toile pour le moins chargée d'Albrecht Altdorfer (1529) se trouve à l'Altapinakothek. Elle fait partie d'une série de 16 peintures à thèmes historiques commandées par le duc Guillaume de Bavière pour décorer sa résidence. Celle représente évidemment la bataille d'Alexandre le Grand contre les Perses.

Les représentations guerrières sont toujours des scènes impressionnantes, avec des émotions fortes, de la tensions, de si nombreux personnages (ça me fait penser à toutes les fois où j'ai demandé à ma mère le sens du mot "à grand déploiement" lorsque je lisais la description d'un film dans le télé-horaire. Eh bien voilà! Une toile à grand déploiement).

Elle ne laissa pas indifférente non plus le plus grand des guerriers, Napoléon, qui la confisqua, fidèle à ses habitudes, pour l'intégrer dans sa collection personnelle (plus précisément pour l'accrocher dans la salle de bain de sa résidence de Saint-Cloud).

mardi 24 mai 2011

La lettre d'amour, Jan Vermeer


S'il y a un musée qui ne s'est pas montré à la hauteur de mes attentes, ce fût le Rijkmuseum d'Amsterdam (dont je ne peux d'ailleurs jamais écrire le nom correctement sans en contre-vérifier l'orthographe à maintes reprises). J'avais fait le détour par Amsterdam parce qu'il s'agissait d'une des rares villes d'art en Europe où je n'avais jamais eu l'occasion de me rendre en personne. Je ne le regrette pas.

Il m'a fallu choisir une oeuvre pour en parler. J'en ai pris une de Vermeer parce qu'elles sont rares et me plaisent en général. Celle-ci parce que le propos cadre bien avec ce blog. La lettre d'amour (1669). Mais sincèrement, celle-ci ne m'émeut guère. Peut-être n'ai-je pas d'affinité avec les sentiments des nordiques. Je ne trouve pas la dame particulièrement jolie. Les symboles faisant référence à l'amour me font bailler - le luth à un son nasillard qui tend à m'irriter, le tableau naval supposé faire allusion à la traversée amoureuse tumultueuse me fait davantage penser à une campagne militaire.

On dit que la pantouffle et la vadrouille à l'avant du tableau représentent une expression de l'époque - "se marier en pantouffles" qui signifiait en fait une liaison pour une vieille fille!

Tout ça est tellement cérébral qu'il m'est difficile de m'en émouvoir.

mardi 17 mai 2011

Annuciazion con i santi asano e Margherita, Simone Martini


Pour une amatrice d'art italien ayant vécu à Milan quelques années, on peut dire que j'aurai su éviter Florence. Je n'y suis allée qu'une fois si ma mémoire est juste au cours de ce séjour.

Pourtant, je ne peux pas ignorer les trésors qui s'y trouvent comme ce retable gothique de Simone Martini (1333) au musée des Uffizzi. Il a été créé pour le Duomo de Sienne et retiré plus tard en raison d'un tremblement de terre.

Ces images de l'annonce à la Vierge Marie avec l'Ange Gabrielle ont fait plus tard les choux gras de la contre-réforme. Elle revient souvent chez les peintres gothiques italiens. Moment de pudeur chaste. En même temps clé de voûte fragile, presque talon d'achille du culte catholique. La virginité contestée de Marie.

Mais le faste et la délicatesse de la représentation me laissent rarement indifférente à cette scène.

mardi 10 mai 2011

Green on maroon, Mark Rothko


Ce fût mon premier Rothko (1961), à Madrid au musée Thyssen-Bornemisza. Deux couleurs sur un cadre, mais deux couleurs tellement sombres, tellement tristes. J'ai sourcillé en découvrant plus tard les jaunes, les ocres, les rouges vifs de l'artiste. C'était avant de me recueillir dans la petite salle qui lui est consacrée à Londres, au Tate modern, et décriée par Henri comme d'un kitsch fini.

Deux couleurs. Une extrême simplicité et pourtant j'ai la conviction que je ne saurais reproduire cette toile, immense de surcroît. Plus de 2 mètres par 2 mètres. Avec les années, j'aime toujours davantage l'abstrait et j'ai tendance à me lasser rapidement du figuratif à moins que les traits ne soient pas trop réalistes. Natures mortes et portraits se font rares en ma demeure.

Je disais que les enfants venaient nous pousser dans nos retranchements. Peut-être les miens seront-ils amateurs de clowns tristes ou de paysages touristiques comme ceux qui se vendent dans les vieux quartiers d'à peu près toutes les villes dignes d'attirer un ou deux visiteurs.

mardi 3 mai 2011

Ecce homo, Andrea Solario


Je vais lancer la seconde saison estivale de mon blog consacrée à l'art avec une oeuvre à peu près inconnue d'Andrea Solario, Ecce Homo (1505-1506)- "voici l'homme" si je traduis bien, qui indique le moment où le Christ est présenté au peuple juif vêtu comme le roi de ce peuple, drap pourpre et courronne d'épines à l'appui.

Elle me permet de parler d'art italien. De ma collection de livres consacrés aux musées du monde que j'ai acquise par abonnement à Milan (le consulat étant abonné aux journaux locaux, je pouvais, moyennant un supplément de quelques euros par semaine seulement, me procurer une série de livres d'art qui me servent de référence jusqu'à ce jour et qui ont nourri à une période de grande solitude m'a vocation salvatrice pour la peinture).

Enfin, cette toile me permet de parler du musée Poldi Pezzoli de Milan, qui s'il ne possède pas d'oeuvres majeures ou du moins incontournables, a tous les charmes d'une résidence privée dédiée à la beauté. Les lieux qui ont logé des amateurs d'art acquiert une âme unique qui semble résister à l'épreuve du temps.