samedi 12 décembre 2009

Lorsque l'on parle des autres, on parle de soi


Lorsque je méditais sur ce projet de blog et tentais d’en imaginer la structure et la nature, j’avais envisagé d’écrire une chronique hebdomadaire sur la nature humaine- celle des autres évidemment! Extraire la substantifique moelle - comme dirait l’autre - de mes conversations et de mes observations. Amis du monde entier, tenez-vous le pour dit! J’avais l’intention d’engager via ce blog un dialogue psychanalytique avec ceux qui croisent ma route. Mais parler des autres, c’est toujours parler surtout de soi me rappelle sagement Marie-Josée chaque fois que je me rebelle contre des commentaires que me font certains amis. « Ils ne parlent pas de toi, mais d’eux », me rassure-t-elle. « De leurs peurs, de leurs angoisses, de leurs désirs inassumés ». Après tout, nous sommes tous des monstres d’égocentrisme.

C’est une façon plus sophistiquée de nommer la « projection ». Les blocages des autres nous renvoient à nos propres enjeux irrésolus. Nous réagissons à nous même et notre dialogue se résume donc souvent à un monologue avec soi. En cherchant une solution pour quelqu’un, c’est nous que nous tentons ultimement de sauver.

A l’aube de me lancer dans cette aventure du blogging, la question se pose. Ne vais-je pas m’exposer davantage alors que je comptais me cacher sous le masque de mes personnages? Parler des autres, c’est peut-être l’ultime façon de se cacher, de se révéler et de se chercher.

En ce sens, l’exercice n’est probablement pas vain puisque nous sommes généralement beaucoup plus lucides quand il s’agit des autres. On révèle souvent à nos interlocuteurs des vérités intimes qui restent pour nous des secrets, même après les avoir énoncées. Après de longs mois à discuter de sa situation matrimoniale, une amie me téléphone pour m’annoncer comme une révélation qu’elle avait décidé de se séparer. Il me semblait pourtant que c’était l’unique sujet de nos conversations depuis si longtemps. J’ai alors compris qu’il nous arrive de savoir, de verbaliser, mais en même temps de ne pas s’entendre soi-même. Aussi égocentriques sommes nous, il semble que nous sommes sourds à notre propre voix.

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