jeudi 10 décembre 2009

L'effet papillon


Voilà des années que ma vie est traversée d'amours-éclairs qui ont pourtant peu à voir avec le coup de foudre. Chacune de mes nouvelles rencontres naît et meurt en un clin d'oeil, un battement d'ailes de papillon, avec la tornade qu'il déclenche. Toute la théorie du chaos réside en effet dans cet imperceptible moment.

Voilà que je découvre à force de lecture que ma vie amoureuse tient des mathématiques modernes : "un système est dit chaotique s'il présente simultanément les deux caractéristiques suivantes: phénomène de sensibilité aux conditions initiales et une forte récurrence". J'ai toujours soupçonné l'existence d'une poésie des chiffres, tout comme d'une relation entre la physique quantique et dieu - mais c'est un autre débat.

"On dit d'un système qu'il est chaotique s'il est régi par des lois déterministes connues mais que son évolution échappe tout de même à toute prévision sur le long terme". Au fond, je ne suis qu'une équation. Il ne me reste plus qu'à trouver l'ordre dans le désordre - projet peu ambitieux s'il en est diront ceux qui me connaissent bien.

Après tout, j'ai la manie des organigrammes, des listes et des plans de vie quinquennaux. A la sortie de mon premier cours sur la théorie des choix, approche nouvelle de la science économique, je me sentais particulièrement fébrile. Il m'aura fallu quelques heures pour comprendre que je venais d'assister en direct, sur l'ardoise, à la mathématisation de ma névrose. Je me retrouvais dans ces arbres avec leurs branches bourgeonnant de noeuds de décisions, tous marqués de probabilités et de résultats anticipés.

Les choix deviennent ainsi prévisibles et rationnels. Plus de chaos possible dans le coeur de l'économiste.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire