mardi 1 décembre 2009

Extase et tourments


"Ah! Extase et tourments!" s'exclame une de mes amies pleine de sagesse à chaque fois que je lui confie les doutes et les angoisses qui me chavirent à chaque nouvelle rencontre.

"Extase et tourments!" répète-t-elle pour ponctuer chacune de mes interventions, chaque nouvelle objection que j'apporte, chaque détail d'analyse introspective supplémentaire, comme si tout avait été dit et se résumait à ce constat inéluctable.

"Extase et tourments", c'est le supplice de la passion. Avant même que l'Église ait propagé le concept de péché, les Grecs considéraient l'hybris - la démesure ou le désir de s'extraire de son destin - comme un crime passible des pires peines. La malédiction divine s'abat sur ceux qui s'abandonnent à une folie d'orgueil. Comme Sysiphe, qui selon certains auraient insulté l'Olympe et éprouvé l'amour de sa femme en lui demandant de ne pas lui offrir de sépulture, est condamné à monter et laisser descendre sa roche comme pour mimer les élans du cœur.

"Extase et tourments" comme seule pouvait les chanter la Callas dans la Traviata: cet amour qui est la vie de l’univers tout entier, mystérieux et altier, la croix et le délice du cœur.

"Extase et tourments", ultime refuge lorsque point la menace terrifiante de l'ennuie qui guette comme la mort.

"Extase et tourments", essence d'une vie pleinement vécue.

4 commentaires:

  1. Oh! Un retour aux sources littéraire?! Je passerai souvent.

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  2. Je me sens comme la fille dans Julie&Julia quand elle recoit ses premiers commentaires!! Contente que ca vous plaise!

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