jeudi 11 mars 2010

Georges et Eugénie s'attaquent au Kilimanjaro


Sur un coup de tête, sans préparation appropriée pour l'expédition que nous avions décidé d'entreprendre, Georges et moi avons décidé de partir pour la Tanzanie. Mauvaise saison, mal équipés. Nous voilà.

Seuls avec notre équipe de trois porteurs, d'un cuisinier et d'un guide, nous étions l'unique expédition à enregistrer son départ ce matin-là - ce qui annonçait la grande solitude de notre ascension.

Dans la forêt tropicale, nous appercevons notre premier singe.

Une douleur aigue à la poitrine nous éveille au beau milieu de la nuit - sans que l'on puisse distinguer s'il s'agissait d'anxiété ou de difficultés respiratoires.

Puis, au fil des jours, la luxuriante forêt cède la place au désert alpin rocailleux. Il pleut le jour, il gèle la nuit. Le moral subit les intempéries. Surtout au terme d'une journée de tempête où rien n'a été épargné de nos affaires - et nous constatons la mort dans l'âme qu'il nous faudra passer une nuit glaciale dans nos vêtements euphémiquement humides.

Le "serveur" se voit contraint de nous céder son sac de couchage sec. Nous sommes sauvés! Et réconciliés avec le pourboires exhorbitants que nous devrons offrir au terme de l'aventure.

Mon style est fortement mis en péril par la tuque péruvienne aux couleurs fluorescentes qui ne quitte plus ma tête pour masquer les effets d'une vie privée d'hygiène moderne.

Puis vient l'épreuve du sommet. Départ à minuit pour un blitz de 18 heures de marche. La lune s'est cachée derrière le rideau de nuages qui nous crachent dessus une neige épaisse. Le guide se perd deux fois dans la tempête, ce qui nous fait perdre quatres, beaucoup d'énergie et progressivement le moral. A la troisième tentative, les pieds gelés, terrasés par une nausée qui nous jette à genoux, n'ayant atteint que 5300 mètres (sur près de 6000 mètres), nous décidons de rebrousser chemin.

Ce que nous avions atteint, c'est ce moment précis où la souffrance actuelle surpasse le plaisir et la fièrté anticipée d'atteindre un sommet engouffré dans la nuit.

3 commentaires:

  1. N'es-tu pas tout près de la rue Murray? Sommes-nous dans la réalité ou dans la fiction ici?

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  2. Cher anonyme,
    La question revient souvent. Souvent, je dramatise la réalité, ou je m'inspire d'elle pour créer une chronique pas tout à fait vraie. Dans ce cas-ci, le voyage a eu lieu en mai. Et il est ce qu'il y a de plus fidèle à ce que j'ai vécu...

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  3. En fait, Georges est fictif... j'oubliais ce détail!

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