samedi 13 novembre 2010

Short and Sweet: 101 very short poems (livre # 8)


"Dans le désert
J’ai vu un être, nu, bestial,
Qui, accroupi sur le sol
Tenait son coeur dans ses mains,
Et en mangeait.
Je lui demandai,
Est-ce bon, mon ami?
’C’est amer – amer,’ répondit-il:
Mais j’aime ça
Parce que c’est amer,
Et parce que c’est mon coeur.' "

Cette chronique devrait aussi être l'occasion de parler des lieux que me font découvrir ces lectures - parce qu'elles ne me plongent pas toutes dans mon passé ni ne réfèrent à des événements de mon existence. Sans compter que je ne possède pas plusieurs de ces livres et j'ai fait le choix délibéré et ferme de ne pas nourrir mon vice ancien pour l'achat de bouquins qui viennent peupler mon petit espace. Surtout, comme l'explique Daniel Pennac dans "comme un roman", il est extrêmement difficile de se défaire de la possession des livres. Ils suscitent chez leurs propriétaires un sentiment d'attachement irrationnel.

A ma connaissance, les seuls livres que j'aie donnés à une oeuvre de charité étaient une série de manuels sur "l'art de rencontrer un mari" que m'avaient offerts des amis qui me veulent du bien. J'ai pensé que je pourrais partager cette belle sagesse populaire avec les pauvres de ma région. Un peu d'amour, ça ne peut que réchauffer en hiver!

Enfin, faute de pouvoir mettre la main sur une copie de ce recueil de poèmes, j'ai dû me contraindre à le consulter dans une librairie "commerciale" du centre-ville où les nombreuses allées de la section anglophone m'offrent un refuge pour lire en tranquilité sans acheter.

(Est-ce éthiquement un vol? Eh bien! Je me déculpabilise en choisissant d'investir ma fortune dans la cause de l'édition francophone!)

Je mesure toujours mon exil lors mes visites incontournables aux librairies francophones du monde entier. (Pour une raison que j'ignore, le désir d'offrir un livre à un ami me prend toujours lorsque je suis en voyage et je me surprends chaque fois de la sélection limitée qui s'offre à moi). Même dans cette ville pourtant aussi francophone et éduquée, trois maigres rayons qui exposent livres de cuisine, guides parentaux, dictionnaires, les "bouillons pour l'âme" et quelques très bons vendeurs qui ne prendront pas la poussière sur les étagères.

Voici un univers dans lequel l'improvisation m'est refusée. Le désir soudain de lire un roman russe m'avait pris un soir de semaine - et ma sortie nocturne pour l'assouvir fut vaine. De quoi refouler le lecteur intérieur qui sommeille en chacun de nous.

"Certains hommes n’y pensent jamais.
Toi non. Tu arrivais
Et disais que tu m’avais presque apporté des fleurs
Mais il y avait eu un malheur.
Le magasin était fermé, ou tu avais eu des doutes -
Du type que des esprits comme les nôtres
Inventent instantanément.
Tu pensais
Que je ne voudrais peut-être pas tes fleurs.
J’en souriais et je te serrais fort dans mes bras.
Maintenant, je peux tout juste sourire.
Mais vois, les fleurs que tu m’as presque apportées
Ont duré tout ce temps. "

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