mardi 26 octobre 2010

Le Chariot (7)


La carte du triomphe et de la certitude. Voilà qui me ramène à Milan, dans un café des Navigli où j'avais une conversation avec une jeune collègue pleine de certitudes justement. Elle avait rencontré son conjoint à l'école secondaire. Ils avaient fait un mariage somptueux. Ils avaient tous deux réussi le concours et allaient partir en poste ensemble. Dans leur courte vie, tout leur avait souri. La réussite et les succès étaient pour elle une évidence. Et c'est lorsqu'elle s'est exclamée "quand c'est le bon, on le sait tout de suite", que j'ai compris que la vie m'avait enseigné une grande leçon. Quelques années auparavent, j'avais eu la certitude moi aussi d'avoir "rencontré le bon" et je m'étais alors là royalement fourvoyée. Une erreur qui m'a très longtemps ébranlée. Et j'ai compris à cet instant que n'eut-je pas vécu cet échec, j'aurais certainement cette arrogance prétentieuse de ceux qui sont armés de leur certitude. Que le doute qui m'habite depuis, s'il me rend plus fragile et vulnérable, me permet également de saisir des nuances qui m'échappaient jusque là; me force à l'humilité, mais m'offre en échange une humanité beaucoup plus riche.

Devant le triomphe et la gloire, je fais l'éloge de l'incertitude! Dans le testament, le passage qui me touche le plus est d'ailleurs celui pendant lequel Jésus, sur le Mont Golgota, prie alors que ses disciples sont endormis et demande "Père, pourquoi m'avez-vous abandonné?". Nul besoin d'être religieux pour reconnaître ce sentiment universel d'abandon et d'isolement devant un deuil, un échec, une difficulté.

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