samedi 16 janvier 2010
Gros Câlin
C'est ainsi que je conclue parfois les mots que j'écris à mes amis les plus intimes. J'y prends particulièrement plaisir lorsque je sais que je vais déranger - comme lorsque je courrais derrière mon petit frère de 12 ans mon cadet pour lui faire subir une tornade d'affection. "Vraiment trop affectueuse!", se désolait-il un peu dégoûté par sa grande soeur adolescente.
Etrange tout de même cette préférence naturelle pour ceux qui refusent les attentions. Une amie me confiait aussi être beaucoup plus disposée à mitrailler de baisers son fils le plus réticent aux démonstrations maternelles...
Gros câlin, c'est aussi le titre du roman par lequel j'ai découvert à l'adolescence Romain Gary (Emile Ajar).
Monsieur Cousin, un employé de bureau discret, comble son besoin relationnel avec un python. En quête de tendresse et de rapports affectifs impossibles, déçu par ses amitiés vaines et ses amours chimériques, il est miné par un sentiment d'inadéquation. Il incarne la souffrance de l'homme dans un monde moderne et urbain impersonnel qui l'isole.
"Je suis rentré chez moi, je me suis couché et j'ai regardé le plafond. J'avais tellement besoin d'une étreinte amicale que j'ai failli me pendre."
Comment combler ce besoin fondamental d'affection sans réciprocité - sans l'Autre? Christophe me racontait que sur une île tropicale où il a vécu, un riche propriétaire possédait d'énormes fougères qu'il étraignait régulièrement.
Les arbres, les fougères ou les pythons sont donc autant de substituts à l'Autre l'absent.
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