jeudi 3 décembre 2009

Confession d'un séducteur impénitent


(Pour S)
Monsieur le curé,

Il faut que je vous dise, quand je vois une belle créature, je ne peux résister. Déjà, il me semble qu'avant même de l'apercevoir, j'en ressens la présence - comme si son odeur de proie éveillait mon instinct et me mettait en appétit. J'en devine les délices alors que j'ignore encore tout de la bête. C'est plus fort que moi, mon père, ça me surprend dans les moments les plus incongrus. Je suis encore tout occupé à une tâche manuelle, je suis plongé dans une conversation, mon esprit est complètement absorbé par une réflexion existentielle et pourtant, avant que je n'aie le temps de réagir mon coeur est parti à la chasse.

Dans les premiers temps, j'en échappais quelques unes, voire plusieurs. J'étais maladroit. Je me faisais repérer trop tôt et la belle déguerpissait sans espoir d'être rattrapée. Mais lorsque finalement, je réussissait à tromper sa vigilance et en surprenait une dans un moment de distraction, j'étais submergé d'une intense et addictive décharge. Je ne connaissais que mon désir sans voir ce que je prenais. Je savourais ce jeu. Chaque victoire me remplissait d'allégresse.

Evidemment, vous le devinez, à force de chasser, je suis devenu chasseur. Je trouve maintenant la proie prévisible. Elles se prennent toutes aux mêmes pièges sans fantaisie que je pose mécaniquement. Leurs charmes se fanent à mes yeux et je m'en lasse rapidement. A peine a-t-elle cédé que déjà l'ennuie m'assaille. Elle est encore là et je n'y pense même plus.

Son émoi ne scelle que mon indifférence.

Comment vous dire, mon père. Je crois chaque fois trouver Celle qui me rassasiera, qui apaisera le loup garou qui sommeille très légèrement en moi. Mais aussi prévisible qu'une nuit de pleine lune, le doute naît, qui le réveille.

Et je disparaît dans la nuit...

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