mardi 8 décembre 2009

Chronique dont vous êtes le héros: La vie selon P. (épisode 1)


Portrait d'un futur fonctionnaire
Lorsque le narrateur fit la connaissance du héros de cette histoire, surnommé P. par souci de préserver la vie privée de cet acteur du milieu politique, il occupait un vaste bureau du 10ième étage de la tour A de l'édifice Lester B. Pearson surplombant la rivière des Outaouais. Il habitait une sompteuse résidence patrimoniale de la région d'Ottawa, possédait un loft montréalais où il retournait religieusement en pèlerinage toutes les fins de semaines et conduisait une Volkswagen beige champagne qu'il allait plus tard troquer pour une Audi A4 gris dauphin.

P. était en apparence un parfait apparatchik. Il s'était intégré tout en douceur au sein d'un parti avec lequel il ne partageait pourtant aucune affinité particulière. Il se mouvait avec grâce et discrétion dans le milieu surpeuplé d'égos de la colline parlementaire Plutôt bel homme. Toujours habillé avec goût. Aimable avec les fonctionnaires qu'il côtoyait dans le cadre de ses fonctions d'attaché politique. Il avait décoré son bureau d'affiches militantes et de slogans de son crû comme pour se convaincre qu'il adhérait à la cause.

Les charmes de P. ne laissaient personne indifférent, surtout la gente féminine. Les quinquagénaires rêvaient d'en faire leur gendre. Il éveillait subtilement l'instinct couguar des quadragénaires. Le narrateur, soucieux de ne pas gonfler indûment l'égo de son personnage, restera discret sur les émotions juvéniles des autres.

Les hommes pour leur part se flattaient d'une relation amicale et chaleureuse avec un proche du ministre. Même le narrateur doit confesser au risque de compromettre sa crédibilité avoir succombé à son charisme.

Votre humble serviteur, qui n'a jamais été insensible aux qualités de son personnage principal, prétend non seulement deviner chez ce garçon de bonne famille une personnalité beaucoup plus riche et complexe, mais nourrit pour lui des ambitions de bonheur qui teinteront le ton de ce récit. Victime de son image, P. se pliait aux exigences d'un rôle qui limitait son potentiel d'épanouissement.

Cette chronique étant un drame existentiel et non une psychanalyse freudienne, le narrateur résistera à son penchant naturel pour les analyses psychologiques approfondies et se concentrera sur l'aventure qui attendait son personnage.

Pour en apprendre davantage sur la carrière politique de P., poursuivez votre lecteur la semaine prochaine dans la chronique 2.

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