samedi 26 février 2011
Le violoncelliste de Sarajevo (#21) (2)
"Dans quelle version d'un mensonge se trouve la vérité, impossible de le dire. Aujourd'hui, après tout ce qui s'est passé, Dragan sait que le Sarajevo dont il se souvient, la ville où il a grandi, dont il était fier et où il était heureux de vivre, n'a probablement jamais existé."
De Sarajevo, ce dont je me souviens aussi, ce sont le sentiments provoqués par ma présence. J'étais silencieusement assise au fond de l'autobus lorsque le douanier entra à la frontière pour inspecter les passeports. Quel fût son étonnement et celui de tous les passagers de découvrir parmi eux une jeune étrangère.
Au lieu du mépris que je me serais attendue à recevoir pour m'être lancée dans une aventure aussi téméraire, je lisais sur leur visage un certainement amusement, une curiosité.
J'ai rapidement compris que j'annonçais la fin de la guerre. Le printemps revenait enfin au terme d'un hiver éternel. Les tirs avaient cessé depuis quelques temps, mais ma présence mettait fin à leur isolement. Le monde s'intéressait à Sarajevo et recommencerait à venir.
Mon hôte m'a confié, alors qu'il m'accompagnait dans les rues de la ville, qu'il n'aurait jamais trouvé le courage de retrouver Sarajevo n'eut été de moi. Il redécouvrait sa ville par mes yeux qui n'avaient jamais vu la guerre. Il me racontait la guerre à moi, qui ne la connaissait pas. Et je crois que cette innocence était pour ceux que je rencontrais une promesse de paix. Le bonheur était encore possible.
"Une arme est la manifestation d'une décision déjà prise".
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