mardi 20 avril 2010
Chronique dont vous êtes le héro: la vie selon P. (épisode 20)
4) Conzuella, la reine de beauté vénézuélienne - ou la relation avec une étrangère rencontrée en poste.
Toujours célibataire à 38 ans, P. accepta un poste de délégué commercial à Caracas. Lors d'une réception, sans même qu'il n'ait eu le temps de réagir, Conzuella entra dans sa vie.
Le narrateur, qui ne saurait expliquer l'intérêt que P. lui portait, ne tentera même pas de décrire la beauté sensuelle de Conzuella, son accent roucoulant avec lequel elle hypnotisait les hommes, ni les charmes mystérieux dont elle usa pour obtenir de P. une demande en mariage - qui selon la tradition locale rassembla plus de 400 convives, plongeant P. dans une situation financière digne du parti libéral et fut le festival de la robe de carnaval, les sud américains ayant souvent un goût plus marqué pour les paillettes et le brillant que leurs cousins nord-américains.
Au Venezuela, P. logeait dans une vaste villa du quartier le plus chic. Il portait le titre impressionnant de ministre-conseiller. Il fréquentait les soirées mondaines. Il comptait à son service une bonne et un jardinier, et il engageait au besoin un majordome ou un chauffeur. Ses primes généreuses leur permirent de voyager et de dépenser sans sourciller.
Au terme de son affectation de trois ans, ils furent contraints de rentrer au Canada. P. tel un prince qui se transforme en crapaud, repris son poste d'humble fonctionnaire. Ils louèrent un petit condo du centre-ville. Ne bénéficiant pas d'une place de stationnement, il prenait le matin l'autobus d'OC Transport, la carte d'identité au cou et la boîte à lunch à la main (il fallait bien maintenir un minimum de décence au niveau de vie de Conzuella). À l'occasion, son collègue Shaun, nommé directeur lors du dernier concours EX, les invitait pour un vin-fromage. Conzuella se fanait comme une fleur exotique transplantée dans la forêt boréale. Elle ne survécut pas à son premier hiver.
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