mardi 27 avril 2010
Chronique dont vous êtes le héro: la vie selon P. (épisode 21)
« L’amour est un châtiment. Nous sommes punis de n’avoir pas pu rester seuls. » «Vous autres poètes avez fait de l’amour une immense imposture : ce qui nous échoit semble toujours moins beau que ces rimes accolées comme deux bouches l’une sur l’autre. » (M.Y.)
Comme le dit le dicton, les gens heureux n'ont pas d'histoires. Le narrateur baille donc déjà devant la tâche qu’il s'apprête malgré lui à accomplir pour le bonheur de son personnage : raconter une histoire d'amour heureuse.
P., vous l'aurez compris, est un de ces hommes qui craignent l'erreur plus que la mort: ils stagnent, ils sabotent, ils agressivent-passivent. Conscient que de nos jours, le couple a autant d'avenir qu'une action en bourse, il cherchait avant d'investir une compagnie immunisée contre la faillite et qui lui inspirerait tellement confiance qu'elle lui ferait commettre la folie de se risquer.
Malheureusement pour P., les années passaient et son "blue chip" de l'amour ne s'était pas encore révélée dans sa vie. Ses cadres étaient toujours vides et aucune plante n'avait survécu.
Sa malchance avait comme compagne sa fatalité. Si vous vous étiez arrêté pour discuter de la chose avec lui un instant, vous auriez deviné qu'il hésitait entre deux modèles contradictoires qui semblaient s'offrir une lutte féroce. Dans un coin, les "Cristina", qui à l'image d'un lointain parent s'enfonçait dans le célibat dans leur recherche acharnée de la perfection. Dans le coin opposé, les "Vicky", incarnées notamment par une parente plus proche qui avait fait sa vie avec une personne très bien, mais sans beaucoup d'envergure. La quête d'idéale versus le compris acceptable. Deux options apparemment incompatibles avec la personnalité de P.
Sa mère s'était fait un ami avec qui elle voyageait beaucoup. Elle se faisait donc de plus en plus absente de leurs petits soupers du dimanche soir.
On ne s'apitoiera pas indéfiniment sur la solitude de P. qui multipliait néanmoins les conquêtes.
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